Achat plaisir et made in France La fleur coupée ne perd pas ses pétales
Plus médiatique que les autres activités horticoles, le secteur de la fleur coupée a semblé, au début de la pandémie de Covid-19, en subir plus gravement les conséquences. Il semble finalement profiter également du report des ventes vers les produits classés « essentiels » et du désir des consommateurs de se tourner davantage vers le « local ».
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Les images de producteurs jetant des milliers de fleurs en mars 2020, au moment du premier confinement décidé par le gouvernement pour enrayer la propagation de la pandémie de Covid-19, sont peut-être celles qui ont le plus marqué le grand public, parmi toutes celles qui ont été diffusées dans les médias. Elles en ont révulsé certains, qui ne comprenaient pas pourquoi elles n’étaient pas données aux personnes âgées ou au personnel soignant, par exemple. Mais elles ont peut-être aussi eu un effet d’électrochoc, montrant qu’il existe encore une production française d’articles très périssables.
Un autre phénomène s’en est suivi, la couverture médiatique de la montée en puissance des ventes par Internet. Le fait que seul ce type de commerce ait été possible pendant plusieurs semaines et l’émergence de quelques leaders du secteur maîtrisant bien les leviers de la communication l’expliquent sûrement en partie. Néanmoins, dans la fleur peut-être plus que pour d’autres végétaux, la montée en puissance des ventes dématérialisées semble bien réelle. Enfin, les télévisions n’ont pas dérogé à leurs traditionnelles accroches sensationnalistes. Le chiffre de 15 % de fleuristes menacés de fermeture issu de l’enquête Val’hor menée l’an dernier, alors que le végétal n’avait pas encore été décrété « produit essentiel », a encore été ressorti dans un journal télévisé du 1er mai au matin, pour un sujet traitant du muguet.
Le portrait d’un secteur qui a eu peur mais qui fait preuve de résilience
Mais qu’en est-il au juste sur le terrain ? La pandémie peut-elle être le coup de grâce pour la fleur coupée française, déjà largement malmenée par les conséquences de la mondialisation ces trente dernières années ? Ou bien les enseignes promettant de la fleur française dans les bouquets pour les grands événements vont-elles au contraire relancer l’activité ?
Sans prétention d’enquête exhaustive, c’est à ces questions que nous avons cherché des éléments de réponse dans ce dossier. Les producteurs, commerçants, techniciens interrogés ont dressé le portrait d’un secteur qui, comme le reste de l’horticulture – ou peut-être plus encore – a vraiment eu peur en mars et avril 2020, pour finalement faire preuve d’une grande résilience en cette fin de printemps 2021. Profitant de marchés de niche rémunérateurs et en faisant preuve de technicité, la production a pu tenir pour bénéficier pleinement de l’engouement des Français pour les végétaux, un des rares plaisirs accessibles quand on ne peut aller ni au spectacle, ni au restaurant.
Pascal FayollePour accéder à l'ensembles nos offres :